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Blog collaboratif du M2 DSI de l'IUFM d'Aquitaine

« Street- Art : l’Art Urbain s’affiche » à la bibliothèque du Grand Parc de Bordeaux.

Les Frères Coulures

La bibliothèque du Grand Parc de Bordeaux, connue pour sa vaste programmation en action culturelle, a proposé une découverte de la culture urbaine au travers d’artistes graffeurs du 20 avril au 2 juin 2012 dans une expositions nommées « Street- Art : l’Art Urbain s’affiche »

Qu’est ce que le street art…

Dénomination récente et mouvement artistique contemporain, le « street-art » appelé aussi « art urbain »,  regroupe les diverses formes d’art qui sont réalisées dans la rue ou dans un lieu public.

Art de l’éphémère, différentes techniques sont requises par les artistes dont le graffiti, les pochoirs, la mosaïque, les stickers et les installations. Aujourd’hui, certaines villes telles que  Berlin, Melbourne ou  encore Sao Paulo sont devenues des hauts lieux de l’art de la rue dans lesquels on peut y contempler plusieurs projets d’envergures assimilés à des chefs d’œuvres. Depuis ces dernières années, les médias  proposent  des films, des courts-métrages, des ouvrages et des expositions sur ce thème, amenant un plus large public a mieux connaître et a s’intéresser à cet art en mouvement.

La genèse d’un projet…

L’idée de ce thème revient à Emmanuelle Hincelin, bibliothécaire au Grand Parc après une visite aux « vivres de l’art », lieu transdisciplinaire d’exposition contemporaine du sculpteur Jean-François Buisson. La proposition faite autour d’un projet sur le street art a été acceptée à l’unanimité par les membres de la bibliothèque. Une réflexion a été menée pour la mise en place du planning des expositions, mais aussi des actions et ateliers à mener en parallèle.

Les expositions sont d’environ deux semaines chacune, ce temps assez court étant privilégié pour renforcer l’idée de mouvement de cette forme d’art. Plusieurs ateliers on été conduit dans le but d’initier les participants aux techniques du street art par le biais d’un matériel spécifique tel que la bombe ou le Posca.

Des artistes locaux…

La première a avoir investie les lieu fut l’artiste Lyléa, graffeuse bordelaise qui a créé des personnages féminins haut en couleurs rappelant le style de Miss Van.

Est  ensuite venue l’exposition des artistes graffeurs « Tackone » et « Charl » membres du collectif le « Club Mickey ». Ce duo d’artistes présente des œuvres mêlant graffiti, graphisme et illustration. Proposant des univers perceptibles, ils jouent avec la lettre et la texture, allient personnages et compositions rigoureuses toujours en privilégiant l’esthétisme couplé au décalage.

La troisième exposition a été réalisée avec les œuvres du collectif d’artistes « Les frères Coulures ». Il résulte de la rencontre de 3 graffeurs bordelais réalisant du graffiti sur tout support, mais aussi des pochoirs, des meubles originaux, des affiches ou encore du bodypainting… multipliant ainsi techniques, supports et sources d’inspiration.

Enfin le cycle s’est clôturé par le collectif d’artistes « Peinture Fraiche ». Anciens tagueurs de la fin des années 90 motivés par des recherches esthétique lié au graffiti, les membres de ce collectif ont aussi exploré des sphères différentes telles que l’infographie, le tatouage, les arts plastiques et la photographie. Ces expériences personnelles les ont amené ainsi à adopter un langage graphique propre à chacun.

Un espace d’exposition…

Les expositions se situent sur un espace au centre de la bibliothèque, sur les murs de l’actuelle salle informatique. Cependant, pour l’ensemble des expositions, la directrice de la bibliothèque Dominique Dat, a spécifié aux artistes la possibilité d’investir au maximum l’espace de la bibliothèque et de ne pas se restreindre qu’aux murs. Pour cela des vitrines et espaces vides peuvent être occupés. L’artiste peut aussi créer un espace qui lui ressemble en amenant des choses personnelles qui ont pu l’inspirer et qui l’ont conduit à cette démarche artistique.

Une manifestation positive…

La bibliothèque est un lieu important,  la proximité avec les ressources documentaires donne, aux spectateurs,  l’envie et la curiosité et leur offre la possibilité d’approfondir le sujet, la thématique, le contexte… Une médiation documentaire est ainsi réalisé par le biais des ouvrages mis en avant sur une table à l’entrée la bibliothèque, proche de l’exposition afin d’attirer le regard du spectateur et par la même éveiller sa curiosité.

Nous pouvons aussi parler de démocratisation de l’art. En effet, une double orientation est perceptible :

  • celle de donner la possibilité à de jeunes artistes d’exposer
  • de permettre à des personnes, issues de quartiers populaire et ne fréquentant ni musées, ni galeries d’arts d’appréhender l’art contemporain, et les sensibiliser

La bibliothèque étant un lieu ouvert, la fourchette d’âge va de la petite enfance aux troisième âge. Cette diversité de public rend l’ouverture à l’art plus significative.

Selon les personnels de la bibliothèque, cette manifestation est une réussite car de nombreuses personnes, environ une centaine par vernissage, ont fait le déplacement. En plus des usagers de la bibliothèque, des groupes et des personnes externes sont venus spécifiquement dans le but de regarder l’exposition.

@marieleco

Médiathèque et expositions d’art : deux mondes si différents ?

L’exemple de la médiathèque de Lormont

La ville de Lormont a récemment créé un pôle culturel autour d’un gymnase déjà existant en intégrant une médiathèque et une salle d’exposition. Lors de notre visite, le choix cette salle dédiée spécifiquement à l’exposition d’œuvre d’art nous a interpellé. Nous avons donc choisi d’interroger le directeur adjoint et le régisseur de la salle sur ce sujet afin de mieux comprendre les relations qui unissent les deux lieux.

Nous laissons la parole aux professionnels.

Interview de Joann Brun bibliothécaire, directeur adjoint  et responsable du secteur image et son de la médiathèque (@biblioroots):

Interview de François Robert responsable du centre d’art et gérant de la salle d’exposition :

Un lien de réciprocité existe entre ces deux lieux.  Le visiteur de l’exposition peut devenir acteur de son propre parcours en profitant des ressources disponibles dans la médiathèque et le lecteur peut s’évader par le biais des expositions qui lui sont proposées. De plus, pour ces structures la médiation est omniprésente et se retrouve dans :

– l’accompagnement par un personnel qualifié

– la présence de ressources documentaires

– l’espace comme ouverture à l’art

Si vous habitez la CUB, n’hésitez pas à allez visiter la prochaine expo sur le graffiti. Faites un détour par la médiathèque, des actions culturelles autour de ce thème vous seront proposées.

@marieleco@DocDryade@Idril3

La censure en bibliothèque

Les 7 novembre 1991, une charte des bibliothèques a été adoptée par le conseil supérieur des bibliothèques. L’article 7 de cette charte spécifie que : 

« Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. Elles doivent répondre aux intérêts de tous les membres de la collectivité à desservir et de tous les courants d’opinion, dans le respect de la Constitution et des lois. Elles doivent être régulièrement renouvelées et actualisées. »

C’est dans cette optique que doit se développer un fonds, les acquisitions ne doivent pas être soumises à la censure mais doivent toutefois se référer au cadre qu’est la loi.

On peut parler de deux formes de censures présentes en bibliothèque selon Michel Melot :

  • tout d’abord la censure qui « interdit » mais qui en plus « interdit de parler de cette interdiction », elle se relève être la plus « dangereuse »

  • puis vient la censure qui est discutée et débattue et qui, même si elle est maintenue devient un choix critiquable certes, mais explicité et non plus une simple interdiction.

Les bibliothèques ne parlent pas de censure dans leur charte mais évoquent des priorités, des circuits et des filtres permettant de réguler les acquisitions. Ce qui est implicitement présent dans une bibliothèque, c’est que celle-ci doit s’astreindre à respecter les règles tacites présentes dans la société.

Cependant, une des problématiques de la censure en bibliothèque se rattache directement au métier même qui implique la sélection et le passage de contenus. Parfois le bibliothécaire se réfère à ses propres convictions alors qu’un regard objectif devrait être apporté à ses acquisitions. Afin de ne pas avoir un statut de censeur, dans le cas de certains ouvrages en particulier, le bibliothécaire a pour mission d’expliciter son choix. Dès lors le choix ne devient plus une censure mais une politique.

L’une des préconisations qui peut être faite lorsqu’on intègre des ouvrages « polémiques » au sein d’une bibliothèque est de rester présent pour le lecteur en prenant le rôle du médiateur. L’accompagnement et le conseil sont des éléments qui permettent d’éviter la rupture avec certains ouvrages. Cela requière une formation en amont des personnels de bibliothèques afin qu’ils ne se sentent pas seuls face aux problématiques liées aux acquisitions et à la communication de celles-ci.

les censures faites en amont du bibliothécaire

  • Un premier type de censure à laquelle on ne pense pas forcément est celle liée au budget que reçoivent les structures afin d’alimenter leur fonds. Cette censure est surtout effective dans les petites structures qui perçoivent des sommes ne permettant pas de mettre en avant des auteurs moins connus, seuls les ouvrages susceptibles de plaire a un plus large public seront achetés.Les œuvres promises au succès seront donc mises en avant à l’instar des œuvres d’un éditeur ou d’un auteur moins connus. La BDP à un rôle assez important dans le cadre de ces censures puisque c’est elle qui fournit les bibliothèques rurales ayant peu de moyens et n’étant pas pourvues des dispositifs techniques afin de faire leurs propres acquisitions.
  • Ensuite pour les films ou bien pour certains livres, le choix se fait auprès des fournisseurs tels que l’ADAV qui représente une sorte de filtre.
  • Enfin la bibliothèque est a replacer dans un contexte politique puisque celle-ci fait partie d’une collectivité. En cela la bibliothèque dépend des choix que lui imposeront les municipalités. En effet parfois celles-ci peuvent intervenir de manière autoritaire et abusive dans le choix des acquisitions ou des animations. Le bibliothécaire n’ayant aucune loi qui pourrait reconnaître son indépendance peut tout de même avoir recours à l’Association des Bibliothécaires de France dans le but d’avoir un soutien contre les faits de censures de la part de ces tutelles administratives.

La question de la censure en bibliothèque est une thématique compliquée qui nécessite d’être discutée régulièrement. En effet, la censure engendre des débats assez houleux entre ceux qui considèrent qu’une certaine restriction est nécessaire, mais seulement si elle est bien définie dans le but d’éviter les abus, et ceux qui estiment que cette censure est à bannir totalement.

@marielecoO