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Blog collaboratif du M2 DSI de l'IUFM d'Aquitaine

Des images au CDI !

Du 19 au 24 mars 2012 avait lieu pour la vingt-troisième fois la Semaine de la presse et des médias dans l’école, organisée par le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information, dont le thème était « Des images pour informer ».

23ème Semaine de la presse et des médias dans l'école

En effet, notre société se définit comme une société de l’information où les médias, notamment la télévision et Internet, sont omniprésents et diffusent une multitude d’images. Les images dont la mission est d’informer l’usager se distinguent des images publicitaires et des images faites pour divertir. En ce qui concerne la presse écrite, de nombreuses photographies et de nombreux dessins mobilisent l’attention du lecteur. Mais d’autres images illustrent sans informer.

Comment le professeur documentaliste peut-il enseigner l’importance des images d’information à la télévision et dans la presse écrite ?

A l’occasion de cette semaine de la presse et des médias, le professeur documentaliste de l’établissement m’a délégué la fonction de sa profession durant ma période de stage. En partenariat avec le professeur d’histoire, nous avons organisé une séquence pédagogique en lien avec le thème de la Semaine de la presse et des médias dans l’école. Au sein du Centre de Documentation et d’Information du collège, nous avons fait étudier à une classe entière d’élèves de quatrième le fonctionnement de l’information télévisée et des images dans la presse, en lien disciplinaire avec l’éducation civique. Au préalable, nous avons enregistré de brèves séquences de journaux télévisés. Nous nous sommes servis du vidéoprojecteur du CDI pour diffuser nos extraits parce que ce type de matériel favorise la transmission collective de l’image, contrairement au téléviseur de l’établissement dont l’écran est trop petit pour un visionnage efficace des extraits avec une classe entière d’élèves.

Les objectifs de la séquence :

Objectifs en éducation civique :

  • Au niveau des images télévisuelles :

–          Définir ce qu’est l’information à la télévision en particulier le flot d’informations, appréhender le choc des images.

–          Savoir effectuer l’analyse générale d’un journal télévisé.

–          Savoir se repérer dans un journal télévisé.

  • Au niveau des images d’information dans la presse écrite :

– Savoir identifier les genres d’images utilisés dans la presse écrite et leur rôle dans la rubrique.

Objectifs info-documentaires :

–          Savoir respecter des consignes.

–          Etre critique face à l’information.

–          Sélectionner les images informatives.

–          Développer sa persévérance.

–          Avoir conscience de la nécessité de s’impliquer, de rechercher des occasions d’apprendre.

–          Savoir citer ses sources d’information et identifier l’origine d’une image.

Le déroulement de la séquence :

Il s’agit d’une séquence de cinq heures, programmée du mercredi 21 mars au vendredi 23 mars 2012, exposée en classe entière, avec pour intervenants le professeur d’histoire et le professeur documentaliste du collège.

Heure 1 : Mercredi 21 mars de 10 heures à 11 heures :

L’introduction a été faite par le professeur d’histoire parce que la séquence s’inscrit dans le cadre de l’éducation civique. L’une des grandes notions du programme de quatrième dans cette matière, la liberté, a pu être abordée par rapport aux lois sur la liberté de la presse, depuis 1881, et par rapport au fait que depuis 1982 il n’y a plus de monopole d’Etat sur la radio et la télévision.

Modalité : cours magistral.

Ensuite, c’est le professeur documentaliste qui s’est chargé d’exposer les différentes images dans la presse écrite : les images d’information mais aussi les images illustratives, les images prétexte, les dessins de presse, les caricatures…

Modalité : cours dialogué.

Heure 2 : Mercredi 21 mars de 11 heures à 12 heures :

Nous avons montré à la classe une séquence d’un journal télévisé dans le but de définir la spécificité de l’information télévisée.

Ensuite, nous avons distribué aux élèves des journaux, des quotidiens nationaux, régionaux et départementaux. Par groupe de deux ou trois, ils ont découpé toutes les images présentes dans le journal en notant au fur et à mesure leurs sources d’information sur le tableau bibliographique que nous leur avons distribué. Pour prendre conscience de la variété des images publiées et de leurs rôles, la plupart des élèves ont établi au brouillon plusieurs classements selon les types d’images, leurs tailles, les sujets, les couleurs…

Heure 3 et 4 : Jeudi 22 mars de 10 heures à 12 heures : Exercice :

Les élèves se sont mis par groupe de deux ou trois et ont répondu au questionnaire suivant :

Fiche élève :

NOM :                                                                                                          Prénom :

Classe :

L’information télévisée :

Analyse des images télévisuelles :

Que montrent les images de l’événement lui-même ?

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Qu’est-ce qu’on ne voit pas de cet événement ? Pourquoi ?

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Qui a tourné les images ? A quel moment par rapport à l’événement ?

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Qui a fait le choix des images montrées ?

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Quelles sont les images autres que celles de l’événement lui-même ?

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Certaines images créent-elles une émotion particulière ?

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Les sources de l’information sont-elles mentionnées ? Quand ? Sous quelle forme ?

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Analyse du présentateur :

A quel moment le présentateur intervient-il ?

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Dans quel décor apparaît-il ?

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Les commentaires sont-ils tous du présentateur ?

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Qu’apportent-ils de plus que les images ?

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Les images d’information dans la presse écrite :

Choisissez deux ou trois images maximum parmi celles que vous avez découpées dans les journaux qu’on vous a distribués.

Quel est le type d’image présenté ici (photographies, schémas, dessins, BD…) ?

Image 1 :…………………………………………………………………………………………

Image 2 :…………………………………………………………………………………………

Image 3 : …………………………………………………………………………………………

Y-a-t-il davantage d’images publicitaires ou d’images d’information dans ce journal ?

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Quelle information l’image apporte-t-elle ?

Image 1 :…………………………………………………………………………………………

Image 2 :…………………………………………………………………………………………

Image 3 : …………………………………………………………………………………………

Est-elle descriptive d’une situation ? Symbolique ? Ou publicitaire ?

Image 1 :…………………………………………………………………………………………

Image 2 :…………………………………………………………………………………………

Image 3 : …………………………………………………………………………………………

L’image crée-t-elle de l’émotion ?

Image 1 :…………………………………………………………………………………………

Image 2 :…………………………………………………………………………………………

Image 3 : …………………………………………………………………………………………

L’image est-elle complémentaire du texte ?

Image 1 :…………………………………………………………………………………………

Image 2 :…………………………………………………………………………………………

Image 3 : …………………………………………………………………………………………

L’image est-elle une simple illustration dans la page ?

Image 1 :…………………………………………………………………………………………

Image 2 :…………………………………………………………………………………………

Image 3 : …………………………………………………………………………………………

Bibliographie : je cite mes sources d’information

Pour la presse écrite : Relever les titres des différents journaux, leur périodicité, les dates de parution des articles.

Sources des articles de presse :

Auteur Titre de l’article Titre du journal Date de parution Pagination de l’article Rubrique où se trouve l’image Crédit photo (si existant)

A la fin de la quatrième heure, le professeur d’histoire et moi avons ramassé les questionnaires des élèves.

Heure 5 : le vendredi 23 mars 2012 de 10 heures à 11 heures : Correction du questionnaire par les professeurs d’histoire et de documentation puis bilan sur l’activité : d’une manière générale, ce sont les images fortes, qui font appel à la sensibilité, qu’on retient.

 

L’évaluation de la séquence :

Il s’agit d’une évaluation sommative finale sur le questionnaire rendu par les élèves : le professeur d’histoire a évalué ce questionnaire tandis que j’ai corrigé les bibliographies des élèves qui, au niveau quatrième, ont encore du mal à citer leurs sources d’informations. Une fois les notes établies, nous avons rendu les questionnaires corrigés aux élèves.

Bibliographie et sitographie :

◊ CLEMI de l’académie de Bordeaux, Parcours médias au collège : approches disciplinaires et transdisciplinaires, Bordeaux, Centre régional de documentation pédagogique d’Aquitaine, 2003, 167 p.

◊ Le site du CLEMI, opérateur de l’éducation aux médias :

● Le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information, [consulté le 29/10/2012], Semaine de la Presse et des médias dans l’école, site du CLEMI, adresse URL : http://www.clemi.org/fr/spme/medias.

● Le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information, [consulté le 27/11/2012], Ressources pour la classe, site du CLEMI, adresse URL : http://www.clemi.org/fr/centre-de-documentation/infodoc/.

◊ Source de l’image  :

La 23ème Semaine de la presse et des médias dans l’école, dessin de Vincent Caut, [consulté le 27/05/2012], mise en ligne en octobre 2011, adresse URL : http://www.weka.fr/actualite/education-thematique_7847/23eme-semaine-de-la-presse-et-des-medias-dans-l-ecole-article_66411/.

Journée sur l’ère du numérique

Compte-rendu de la journée du 14/12/2011 sur l’ère du numérique:  Les 2èmes rencontres « Au doigt et à l’œil »: De l’intelligence plein les doigts

Les 2èmes rencontres

Cette journée consacrée à l’École à l’heure des écrans proposait des interventions, des tables rondes autour d’une question et des visites aux espaces de démonstration d’usages et d’échanges avec les intervenants.

 Introduction:

            Le tactile et le numérique font partie de nos vies et de notre quotidien. Déjà, en 1983, Samuel Pisar, dans La Ressource humaine[1],  constatait la réussite croissante des NTIC. Aujourd’hui, nous passons clairement d’une culture du texte à une culture de l’image. L’intelligence visuelle représente environ 200 milliard d’euros du budget de l’État français. La FING[2] se mobilise sur la question des technologies futures. En 2030-2040, les nanosciences et les nanotechnologies feront-elles partie du quotidien? En attendant le développement de ces jeunes disciplines, le numérique demande l’attention de tous et obtient surtout du succès chez les jeunes qui savent souvent se servir des micro-ordinateurs. Par exemple, 80 % d’entre eux, âgés de 18 à 25 ans, possèdent un téléphone portable. D’ailleurs, cette familiarité entre les jeunes et le numérique n’a rien d’étonnant puisque les établissements scolaires sont de plus en plus équipés au numérique.

Mais le numérique pour le numérique et la mode n’apporte rien. Il doit servir à aider à comprendre le monde qui nous entoure.

1- La mise en scène digitale des savoirs I: préludes et coulisses

A- Tactiles et « sans contacts »: les usages incontournables

Les interfaces sont des dispositifs qui permettent les échanges et les interactions entre différents acteurs, entre humains et machines. L’idéal est de pouvoir se connecter à Internet presque n’importe où dans le monde avec une interaction entre les supports, une reconnaissance d’image et de vidéo… On parle alors de « réalité augmentée », c’est-à-dire de systèmes informatiques qui rendent possibles la superposition d’un modèle virtuel 3D ou 2D à la perception que nous avons naturellement de la réalité. Cette réalité peut se traduire par des jeux, comme par exemple ARG (Alternate Reality Game) qui entretient volontairement le flou entre les expériences perçues lors du jeu et celles perçues hors du jeu.

En effet, le numérique doit présenter des aspects ludiques avec le recours à la « gamification ». Aujourd’hui, la mécanique du jeu vidéo gagne de nombreux services qui n’ont rien à voir avec le jeu. Le public se diversifie puisqu’il varie entre 15 ans à 44 ans. Certains jeux relèvent de la simulation sociale, comme Sim Agri qui est un jeu de simulation d’agricole et d’élevage, d’autres jouent sur la récompense qui se gagne selon le mérite de l’amateur, ce qui est le cas du jeu Badgeville… La réalité augmentée est scénarisée à travers des appareils médias. L’aspect ludique du numérique est un domaine exigeant en termes de performances techniques et ergonomique.

B- Re-Faire l’école

Comment comprendre la matrice invisible de la société des savoirs pour les enseignants et les élèves ? La technologie peut-elle améliorer l’éducation ? Les résultats scolaires ne semblent pourtant pas aller dans ce sens. Lors d’un cours, la technologie utilisée ne reste qu’un support, ce qui importe, c’est le processus que l’élève utilise pour apprendre. L’écrivain américain Howard Rheingold[3] se demande comment capter l’attention des élèves dans la classe sans enlever les outils numériques. L’attention est une compétence qui doit être apprise et mise en forme. Les différents supports numériques peuvent motiver l’élève. Shalman Khan explique comment les données peuvent être un outil pour améliorer l’éducation. Par exemple, avec Twitter, les élèves suivent un cours différemment. Ils deviennent totalement des acteurs du cours au lieu d’être des consommateurs passifs. La technologie est ici un moyen de renforcer la sociabilité et la participation. Internet peut être vu comme une immense boîte à outil. On parle d’Internet social.

D’ailleurs, un fossé sépare le domaine juridique des pratiques courantes faites par les citoyens. Par exemple, le réseau social Facebook est normalement interdit au moins de treize ans. Pourtant, cette loi n’est pas respectée et, parfois, certains parents aident leurs enfants de moins de treize ans à s’inscrire sur Facebook. On voit clairement que ceux qui ont mis cette loi en place ne pensaient pas que l’échange de données dans notre société deviendrait un fait aussi important.

Le problème ici est la fracture scolaire, ou la fracture numérique, qui se crée entre les élèves qui peuvent utiliser le numérique et ceux qui n’en n’ont pas la possibilité. En fournissant le matériel numérique nécessaire, l’école devrait pouvoir réduire cette inégalité.

2- La mise en scène digitale des savoirs II: productions et scénarios

A- L’intelligence collective partagée

L’intelligence collective désigne les capacités cognitives d’une communauté résultant des interactions multiples entre ses membres. Ce concept n’est pas nouveau. Autrefois, les Anciens parlaient de « tradition ». Avec la Déclaration de l’Homme et du Citoyen, on parle d’une « conscience collective ». Avec le numérique apparaît le concept de « curation de contenu », qui est nécessaire pour faciliter l’accès aux informations puisqu’il s’agit de sélectionner, d’éditorialiser et de partager les contenus les plus pertinents du Web sur un sujet donné. Or, choisir des contenus relève de la subjectivité humaine.

Pour enseigner, la curation ne suffit pas. Il faut accompagner l’élève. Pour cela, de nombreux sites permettent aux enseignants d’utiliser au mieux le web et la richesse de ses ressources pour la classe, tel que Jog The Web… Le CLEMI[4] veille à la diffusion de journaux scolaires faits par des élèves, comme Scoop.it par exemple. L’actualité internationale et nationale se mêle aux événements de l’établissement et à la vie personnelle de l’élève. Nombre d’entre eux utilisent les réseaux sociaux que l’enseignant peut aussi utiliser pour donner envie aux étudiants de produire de l’information. L’étudiant doit savoir se servir d’un ENT, ou Environnement Numérique de Travail, et de twitter, qui est un outil de réseau social plus neutre que Facebook. Le blog WordPress permet à chaque étudiant d’être un rédacteur expert dans sa catégorie de veille ou d’écrire des articles sur ce qui l’intéresse.

B- La mise en scène des médiations culturelles

Les outils numériques permettent une appropriation différente des espaces publics. Le médiateur doit éveiller chez l’utilisateur le désir de ces outils. Le problème est que les applications 3D courantes sont surtout réservées aux experts et aux professionnels. L’AFRV[5] et l’équipe Potioc, avec Martin Hachet, tentent de concevoir des interfaces utilisateurs 3D pertinentes et s’adressant au grand public avec de nouvelles interfaces, donc de nouvelles approches, dans un contexte spatial 3D. L’objectif est que l’interaction avec les mondes numériques soit la plus facile et la plus crédible possible. Martin Hachet cite ainsi l’exemple du programme Toucheo actuellement en test à Cap sciences et qui permet de manipuler un objet archéologique en 3D pour mieux le comprendre. Son autre objectif pour un futur un peu plus lointain est de lancer les interfaces cerveaux-ordinateurs qui explorent de nouvelles façons d’interagir à travers la mesure de l’activité cérébrale pour se déplacer, manipuler des objets dans un monde numérique en 3 dimensions.

C- L’entrée des artistes numériques

Un artiste numérique travaille avec les NTIC. Il construit des visuels en 3D propices à des installations vidéo à base d’images numériques créant des atmosphères singulières dans des lieux d’éducation. On retrouve l’idée que Le Vieux Monde s’oppose au Nouveau Monde. Le 20 ème siècle, souvent vu comme un siècle de destruction avec les deux guerres mondiales, laisse la place au 21 ème siècle, qui, espérons-le, sera un siècle de création par le biais du numérique. Pour l’instant, de nombreux espaces restent inadaptés pour accueillir des créations numériques. Heureusement, certains dispositifs, comme l’Artothèque du Conseil Général de la Gironde, mettent en place des galeries visuelles et des espaces de travail adaptés aux œuvres numériques. Certains artistes peuvent alors y travailler les mouvements grâce aux avatars, des corps virtuels, des apparences qu’un usager peut prendre dans les mondes virtuels…

3- L’entrée en scène des acteurs des territoires numériques

L’évolution du numérique touche toute la société. Aujourd’hui, dans le monde, près de deux milliards de personnes utilisent Internet. Peut-être même que dans un futur proche, les terminaux mobiles permettront d’utiliser des images animées mais aussi des ouvrages ? Cela commence déjà à se pratiquer. A l’école, il sera impossible de contourner les technologies numériques. L’élève devra apprendre à y maîtriser les outils numériques pour savoir assumer son identité numérique, sa « e-réputation », puisque la première consommation de l’Internet se joue sur les réseaux sociaux, bien avant les moteurs de recherche. L’expérience des usagers est très importante et modélise les futures pratiques de l’Internet. Il ne s’agit pas d’une technologie faite par des ingénieurs pour des ingénieurs. D’ailleurs, seuls des outils simples et ergonomiques se développent. L’usager citoyen a besoin d’un accompagnement. L’école est comme un prescripteur et un médiateur des dispositifs numériques. Les outils doivent s’adapter à l’usager.

Conclusion: Le final: Analyses et prospectives

       Les réseaux sociaux posent des questions extérieures à l’école. Avec le web 2.0, la quantité d’informations sur Internet explose, tous les savoirs du monde s’accumulent et sont accessibles. Une éducation numérique doit permettre à l’usager de trouver l’information la plus pertinente, d’être un « info-lettré ».


[1]PISAR, Samuel, La ressource humaine, Paris, éditions Jean-Claude Lattès, 1983, 352 p.

[2]Fondation Internet Nouvelle Génération

[3]Dans son livre La réalité virtuelle, Paris, Dunod, 1993, 413 p.

[4]Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information

[5]Association Française de Réalité Virtuelle, augmentée, mixte et d’interaction 3D

Harmonie entre école et télévision: mission impossible?

       Aujourd’hui, la télévision occupe une place non négligeable dans le quotidien de beaucoup d’enfants et un grand nombre de personnes s’interroge sur les effets éventuels de cette rencontre quasi quotidienne avec le petit écran. Certains chercheurs accusent ce média d’être la cause de nombreux maux ; d’autres au contraire considèrent que ses effets ne sont pas nuisibles. La télévision, et sa fréquentation par les enfants, entraîne chez eux de nombreux apprentissages dont certains concernent des domaines que l’école prend en charge.  Maguy Chailley analyse ce lien entre la télévision et les apprentissages scolaires http://www.cairn.info/revue-le-telemaque-2002-2-page-81.htm:  la télévision divertit, informe, éduque et stimule l’imagination chez l’enfant et reste inscrite dans une tension permanente entre deux pôles : la distraction et l’éducation. Pour que la télévision offre à l’enfant une dimension de connaissance et de formation, le rôle des parents et des professeurs est primordial pour assurer une médiation en modérant et en organisant l’utilisation de la télévision. Grâce à elle, l’ école offre des apprentissages qui sont présents dans différents champs disciplinaires. Quels usages peuvent en avoir les élèves et les enseignants en classe ? Quelles transformations ces apprentissages provenant de la télévision peuvent-ils connaître lors de leurs manifestations dans l’univers scolaire ?

      En 1979, l’opération JTA (Jeune Téléspectateur Actif) est lancée par le Ministère de l’Education National pour encourager les usages pédagogiques de la télévision. Par ailleurs, ce média a été introduit à l’école comme outil d’apprentissage et son usage pose des questions par rapport à certaines pratiques scolaires. Qu’il s’agisse de ce que l’on a appelé la « télévision scolaire », qui fournissait des émissions directement et explicitement corrélées aux programmes de l’école, ou qu’il s’agisse d’émissions « grand public » dont le thème et le traitement rendent possibles une utilisation en classe au profit de telle ou telle partie du programme (d’histoire, de géographie, de sciences, de littérature…), il convient de s’interroger sur la manière de s’en servir, les objectifs poursuivis, les apprentissages escomptés et ceux effectivement réalisés. Il s’agit pour l’enseignant de montrer à ses élèves des émissions en rapport avec les contenus d’enseignement de l’école. Certains contenus télévisés peuvent servir de support pour illustrer un cours. On parle alors de télévision éducative. Dans son livre Les enfants téléspectateurs, programmes, discours, représentations, Elisabeth Baton-Hervé explique que le concept de télévision éducative allie le langage spécifique de la télévision avec le contenu éducatif à véhiculer sachant que le but est d’informer, d’instruire et de développer les aptitudes des enfants. L’enseignant peut se servir des programmes proposés par le site.tv qui est un espace vidéo en ligne proposant des vidéos pédagogiques destinées aux établissements scolaires, aux enseignants, aux documentalistes, au personnel éducatif et aux élèves. Ce site sélectionne des extraits d’émissions grand public, par exemple sur la biographie d’Hitler, auquel il ajoute un livret contenant le découpage de la séquence choisie, le vocabulaire important à retenir sur cette émission et des exercices corrigés destinés aux élèves. L’extrait de l’émission a toujours un rapport avec le programme scolaire et le site.tv indique à quelles classes tel ou tel type d’émission est destiné. Par exemple, la biographie d’Hitler est destinée à des élèves de troisième et se rapporte au programme d’histoire tandis que l’extrait « A table ! Faune du désert » s’applique à des élèves de sixième et se rapporte au programme Science de la Vie et de la Terre.  L'espace vidéo des enseignants et des élèves

La télévision enrichit la palette de ressources documentaires imagées dont les enseignants se sont toujours entourés depuis le début de l’école obligatoire. L’élève apprend ainsi à traiter l’information différemment et à ne pas être passif devant la télévision. La réception des images est un processus actif. Les travaux de Serge Tisseron expliquent le rapport qu’entretient l’enfant avec l’image télévisuelle. On est là dans une perspective d’éducation civique : rendre le jeune téléspectateur actif et critique pour le préparer à son avenir de citoyen responsable. Dans son article  » De l’ éducation aux médias aux médiacultures: faire évoluer théories et pratiques« , disponible en ligne http://www.ina-sup.com/node/1579 , Geneviève Jacquinot explique bien que l’école doit aussi éduquer aux médias, l’élève doit apprendre comment devenir un « media-literate »[1].

            Il existe des émissions ayant pour point de départ un livre, un roman ou un album. Il peut s’agir d’un roman classique, comme L’île au trésor ou Les Quatre filles du docteur March ou encore Orgueil et Préjugés. Dans ces cas d’œuvres où le récit écrit occupe une très large place, la mise en image va forcément traduire la vision du réalisateur avec tout ce que cela va entraîner de différences par rapport à ce qu’un autre lecteur aurait pu visualiser à la lecture du texte écrit. Pourquoi travailler en classe sur ce genre d’émission ?[2]  Cela permet de montrer aux élèves les liens entre les œuvres de la télévision  et les œuvres écrites . Ce travail peut inciter les élèves à lire davantage. Pour les élèves qui ont du mal à entrer dans la lecture d’un récit nouveau, le visionnement préalable de l’histoire aide à surmonter des difficultés propres à l’entrée dans n’importe quel récit écrit : le repérage des personnages principaux, l’anticipation sur le type d’événement susceptible de se produire, la prise en compte du contexte, et tout simplement la production d’images mentales à partir de la lecture du texte. Bien sûr, l’enseignant peut choisir un film qui respecte l’idée de l’auteur du livre et rappeler les différences que l’histoire peut comporter. L’enseignant peut aussi relever les cas d’intertextualité explicites ou implicites qui peuvent être présents dans un film.

       Certaines émissions se centrent sur la lecture. C’est le cas de Lire, lire, lire, Bouquin-Copain ou Ascenseur pour l’aventure. Utiliser à l’école ces émissions sur le livre et la lecture permet de les faire connaître aux enfants, qui les ignorent assez souvent. Ces émissions créent un lien entre télévision et promotion du livre. Par exemple, le schéma narratif classique d’un récit policier est souvent le même dans un film et dans un livre : Situation initiale- Enigme- Enquête- Examen des indices- Elaboration d’hypothèses- Vérification de ces hypothèses- Elucidation de l’énigme. A l’école, l’élève peut apprendre à analyser la structure et le fonctionnement de l’émission ainsi que les informations qu’elle fournit sur l’univers du livre. Il peut aussi apprendre à comparer les livres eux-mêmes et la présentation qui en est faite à l’écran. L’émission peut servir de référence à des activités autour des livres. Accéder à un récit peut se faire avec différentes modalités de mise en forme dont il convient de repérer la spécificité. Avec une émission télévisée, les images sont animées, fugitives, vues successivement. La présence de l’écrit est remplacée par des voix off ou des dialogues. Dans un livre, le mouvement et le son sont suggérés, tandis que dans une émission, ils sont montrés.

       Ainsi, lire, c’est produire des images correspondant aux mots et aux phrases lues, des images puisées dans notre mémoire, elle-même alimentée par ce que nous percevons. Lire, c’est savoir repérer l’intrigue principale d’un récit sous la diversité éventuelle de ses mises en forme, comme un récit filmique. Certains contenus télévisés peuvent être utilisés à des fins éducatives au sein de l’école. Education et communication deviennent alors indissociables. Le professeur fait le lien entre le programme scolaire et la télévision éducative, il devient un médiateur qui guide le dialogue des élèves.


[1] « est media-literate tout individu capable d’exercer des choix et d’évaluer les raisons de ses choix ; qui peut se protéger lui-même ainsi que sa famille des contenus indésirables ; et qui a acquis les savoirs et savoir-faire lui permettant de se servir lui-même des médias comme citoyen responsable et de participer pleinement à la vie sociale ».

[2] VANOYE, Francis, Récit écrit, récit filmique, Paris, Armand Colin, 2005